L’empowerment est un terme très en vogue depuis une dizaine d’année, à tel point qu’il est presque victime de son succès. À force d’être utilisé dans des contextes très différents, le concept-même en devient flou. Il n’existe pas de traduction littérale en français capable de retranscrire exactement le terme anglais. L’expression « développer le pouvoir d’agir » est la plus utilisée car elle contient l’idée de mise en mouvement. Le changement est en effet une notion-clé de l’empowerment dès l’origine.

Développer le pouvoir d’agir

Développer le pouvoir d'agir : le lien avec le sens premier de l'empowerment

Le terme « empowerment » est né aux États-Unis dans le contexte des mouvements d'émancipation des années 70 : Black power, féminisme… Il puise son inspiration dans des pensées aussi variées que le gandhisme ou le freudisme. Il renvoie à des notions telles que la capacité des individus et des collectivités à s'autodéterminer. Le terme a rencontré très rapidement un vif succès dans le monde socio-politique. Les chercheurs puis les organisations internationales comme la banque mondiale y font régulièrement référence dans le cadre de la lutte contre la pauvreté.

Dans les années 80, les travailleurs sociaux canadiens ont repris ce terme sous l'angle psycho-social. Il définit un processus de changement au cours duquel l'individu développe sa capacité à agir sur son environnement. Le bénéficiaire prend part activement aux transformations vécues pour faire évoluer sa situation. Dans le prolongement de cette approche, le terme est aujourd'hui beaucoup utilisé dans le champ du développement personnel. Le coaching l'assimile à la capacité individuelle à faire des choix volontaires et à les transformer en action.

Le terme empowerment a ainsi évolué en traversant les époques et les frontières. Né au cœur des mouvements contestataires de transformation sociétale, il décrit aujourd'hui un processus individuel d'accomplissement personnel. La compréhension actuelle peut paraître assez éloignée de son sens originel. Pourtant, dans toutes ses applications, on retrouve deux éléments essentiels de l'empowerment : la capacité de l'individu à participer aux décisions qui le concernent et son implication dans le changement.

Cette double incitation est bien traduite par l'expression « développer le pouvoir d'agir ». Il s'agit d'accompagner le bénéficiaire dans le mouvement afin qu'il puisse prendre une part active dans les choix qui guident sa vie.

Empowerment et pouvoir d'agir : l'application au handicap

L'empowerment abordé sous l'angle du pouvoir d'agir trouve tout son sens dans le domaine du handicap. Plusieurs collectifs œuvrent depuis de nombreuses années pour une société inclusive. La Loi du 11 Février 2005 « pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées » marque un tournant dans la conscience collective. Il reste à développer les dispositifs appropriés pour répondre aux exigences contenues dans ce texte. À défaut, la volonté politique de favoriser l'inclusion et l'autonomie des personnes en situation de handicap dans le milieu dit « ordinaire » restera un vœu pieu.

Le courant psycho-social de l'empowerment né au Canada incite à s'appuyer sur les compétences de l'individu pour l'aider à construire ou reconstruire l'estime de soi et libérer son potentiel. Pour autant, l'empowerment ne se décrète pas. Il est impossible d'enjoindre une personne qui se sent en position de vulnérabilité à développer son pouvoir d'agir. Il est donc nécessaire d'accompagner le processus de changement qui permet au bénéficiaire d'agir sur sa situation. Ce type d'approche est particulièrement important pour les victimes d'accident. Leur parcours de réadaptation est tellement long et complexe qu'elles ont parfois le sentiment d'être victime deux fois.

Actuellement, la prise en charge des personnes en situation de handicap se fait selon des procédures standards régies par une logique institutionnelle. Le système ne permet pas de prendre en compte les particularités propres à chaque situation. L'ambition du dispositif « zéro sans solution » lancé le 1er janvier 2018 par Sophie Cluzel, Secrétaire d'État chargée des Personnes handicapées, nécessite d'étoffer l'offre d'accompagnement pour permettre une inclusion en milieu ordinaire dès que cela est possible. Le Case Management, en tant que dispositif personnalisé et intégratif centré sur le pouvoir d'agir du bénéficiaire, apporte une réponse parfaitement adaptée à cet enjeu sociétal majeur.